22/05/2010

Pro Bruxsel propose une Belgique des régions


Christian Laporte - La Libre Belgique

Ce petit parti bilingue se dit en faveur d’un fédéralisme régional.

Parti régional bilingue bruxellois, Pro Bruxsel a, bien évidemment, un programme complet sur toutes les matières fédérales qui concernent la région centrale du pays mais pour lancer sa campagne, il a vu bien plus loin puisqu’il propose ni plus, ni moins, des "propositions pour un fédéralisme de solidarité entre Régions adultes".

Pas vraiment une esquisse de plan jeté rapidement sur papier au coin d’une table en vue de la campagne électorale mais une réflexion née de la conjonction de diverses approches d’hommes et de femmes actifs sur le terrain après l’avoir largement étudié.

C’est ainsi qu’outre ceux d’un connaisseur de l’intérieur des réalités bruxelloises - Thierry Vanhecke - et d’un penseur citoyen devenu acteur politique - Alain Maskens (voir page 5) - l’élaboration de cette vision originale de l’avenir de Bruxelles porte aussi le sceau d’une politologue Caroline Sägesser qui appartenait jusqu’il n’y a guère à l’équipe du Crisp.

Comme le Centre de recherche et d’information socio-politiques est assez pointilleux sur les engagements de ses membres - ni politique, ni syndicat ! - elle a opté elle aussi pour l’action après la réflexion.

"Face au blocage inextricable à cause de la confrontation stérile entre les deux grandes communautés linguistiques, l’on peut baisser les bras mais nous avons estimé qu’il fallait sortir de cet affrontement" explique Philippe Delstanche président de Pro Bruxsel qui tire aussi la liste du parti régional bilingue.

"C’est la raison pour laquelle, nous avons, au contraire, opté pour une démarche résolument constructive. Il ne fait pas de doute que nous allons vers une réforme profonde de l’Etat belge. Il faut s’y préparer mais elle doit s’accompagner de la suppression des sources de difficultés actuelles "

Et c’est là que Pro Bruxsel rue dans les brancards en proposant une nouvelle Belgique fédérale basée sur les trois régions voire quatre, si les Belges de langue allemande demandent eux aussi la mise en place d’une Région à la place de l’actuelle Communauté germanophone. On l’aura compris : dans leur vision, les Communautés passeraient purement et simplement à la trappe.

Dire qu’ils innovent totalement en la matière serait faire injure à deux autres politologues Philippe Destatte et Jacques Brassinne qui ont, il n’y a guère déjà fait une proposition allant dans le même sens mais leurs idées s’étaient heurtées à ce que l’on appellera ici peut-être une "omerta" et là un fameux instinct de conservation

Toujours est-il que Pro Bruxsel remet cela en plaidant pour de larges transferts de compétences aux régions - dont celles des Communautés ! - ce qui n’exclut pas non plus que l’on puisse refédéraliser certaines d’entre elles.

Objectif : il faut d’urgence arriver à un fédéralisme solidaire entre régions adultes et cela nécessite une simplification du système actuel. A noter que pour Pro Bruxsel, cela ne signifie pas qu’il faille déshabiller le fédéral.

Une des particularités du projet du parti bruxellois est un net renforcement du bilinguisme : dès l’école maternelle, l’immersion totale serait de mise et se renforcerait au fil des ans tout en tenant compte de l’environnement cosmopolite bruxellois. Ce qui serait une arme économique mais qui permettrait aussi de restructurer la représentation politique bruxelloise sans pour autant méconnaître les spécificités communautaires. Le projet se voulant pacificateur, on notera que les frontières régionales actuelles ne seraient pas remises en cause, sauf si une majorité d’une commune flamande ou wallonne le demandait mais Pro Bruxsel est aussi partante pour une communauté urbaine.

Prévoyant déjà les réactions des partis en place, Pro Bruxsel a aussi étudié sa dimension financière et plaide ainsi pour la perception de l’impôt des personnes physiques sur le lieu du travail ainsi que pour un péage urbain. A côté de bien d’autres points que le parti compte relancer lorsqu’on évoquera la réforme de l’Etat

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