Christian Laporte
Alain Maskens veut faire entendre la voix citoyenne sur la liste Pro-Bruxsel.
Tu sais, Papa, votre génération va nous laisser vraiment un drôle de monde et de pays !". Interpellé par un de ses enfants, Alain Maskens a d’abord été interloqué. Et puis il s’est dit qu’il devait réagir face à ce qu’il appelle "le communautarisme politique belge".
Car c’est bien cela qui selon ce médecin bruxellois de formation devenu aujourd’hui consultant en informatique médicale est source de bien des blocages dans notre société qui fait que l’on laisse souvent en carafe les véritables défis sociétaux pour se concentrer sur des combats identitaires qui pourraient bien très mal se terminer un jour.
"Il y a quelques années, ayant pu prendre un peu de recul professionnel, je me suis mis à lire beaucoup sur les sources de violence sur des bases identitaires. Notamment sur la question chypriote, le drame de Sarajevo, les massacres ethniques au Rwanda Et j’ai constaté qu’on n’était pas à l’abri de ce virus chez nous. Cela m’a amené alors à réfléchir sur les errances et les dangers d’être des mono-Flamands ou des mono-Wallons "
Mais Alain Maskens n’a pas voulu en rester là : "Conscient du rôle que pourrait jouer Bruxelles dans la promotion d’un modèle de société où la diversité est valorisée et où la solidarité prend le pas sur les différences, j’ai décidé de participer à la réflexion citoyenne sur Bruxelles". Cela l’a amené à co-rédiger le Manifeste bruxellois en 2002 et à participer à la création de l’ASBL Manifesto qu’il a présidée jusqu’en 2008. Entretemps, il fut une des plumes du deuxième Manifeste bruxellois et aussi un acteur de pointe du bel exercice de démocratie citoyenne que furent les Etats généraux de Bruxelles.
"A de nombreuses reprises, j’ai appelé les partis bruxellois à s’organiser sur une base régionale et à se fédérer au niveau belge mais ils ont fait la sourde oreille et donc, même s’il y a dans leurs rangs des gens de qualité, aucun d’entre eux ne permet à l’électeur bruxellois de voter pour un projet qui transcende les communautés linguistiques "
A partir de là, Alain Maskens aurait pu jeter le gant et s’occuper un peu plus de ses 4 enfants et 12 petits-enfants, voire se livrer à sa passion de la marche, aussi bien sur les côtes du Nord que dans les forêts d’Ardenne mais ce cancérologue qui a aussi créé l’Association européenne de recherche sur la prévention du cancer n’a pas voulu abandonner le bateau citoyen au milieu du gué et a accepté l’an dernier de figurer sur la liste de Pro Bruxsel. Un parti qui répond bel et bien lui à ses aspirations puisqu’il s’agit d’un jeune parti bilingue, multilingue, en fait et aussi largement multiculturel.
S’il remet ça, ce 13 juin comme dernier de la liste à la Chambre à BHV, c’est parce que le fossé s’est encore élargi par rapport il y a un an !
"Clairement, le système politique basé sur des forces et un modèle électoral totalement communautarisés est dans une voie sans issue. Et c’est encore pire pour Bruxelles car nous ne serons pas vraiment représentés à la table de négociation. Avec en bout de course le péril de voir notre région co-gérée par le nord et le sud".
Mais si Alain Maskens s’engage sur le terrain électoral, ce n’est pas par amour de la tuyauterie institutionnelle même s’il s’est aussi penché dessus (voir pages 8 et 9).
En fait, ce sont les conséquences d’une réforme sur le dos de Bruxelles qui l’interpellent : "Ce serait terrible pour les plus démunis et surtout pour nos enfants et les jeunes : l’enseignement souffre de l’inféodation aux communautés. Le taux de réussite est dramatique et cela a des effets sur le taux de chômage des jeunes qui atteint 35 pc, voire plus de 50 pc dans certains quartiers".
D’où son engagement chez Pro Bruxsel : "Bruxelles doit se retrouver dans la fédération belge de demain sur une base régionale inclusive et non sur une base linguistique exclusive. Il faut un modèle d’ouverture et de tolérance pour une région qui unit tous ses habitants, quelles que soient leur langue ou leurs origines "
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