25/05/2010

Du combat régional au fédéral

Par Christian Laporte - La Libre Belgique

Pro Bruxsel se présente pour la première fois à la Chambre. Sa liste est à son image : multiculturelle et résolument plurilingue.

Aux régionales de juin 2009, Pro Bruxsel avait pour sa première participation réuni 8065 voix sous son nom. Cela peut paraître dérisoire mais la formation des citoyens n’en fut pas moins d’emblée la 5e formation la plus importante dans la région centrale. Cette fois, la formation régionaliste entend tripler la mise et, qui sait ?, décrocher un siège à la Chambre. Chez les régionalistes, l’on garde cependant la tête froide mais ça ne les empêche pas de mobiliser tous azimuts. C’est Philippe Delstanche, un chef d’entreprise qui conduira la liste devant l’historienne et politologue Caroline Sägesser et le fonctionnaire Thierry Vanhecke. Suivent alors une série de candidats issus de tous les horizons de la société bruxelloise : des néerlandophones comme des francophones de souche mais aussi des Bruxellois issus de l’immigration. La liste est poussée par Alain Maskens qui s’est battu pour l’émergence d’une citoyenneté bruxelloise.

Ses contempteurs ne manquent pas de s’étonner de voir ce parti typiquement régional participer au scrutin fédéral. Pour Philippe Delstanche "cela peut sembler paradoxal mais c’est très logique et même essentiel".

Et d’expliquer que "pour obtenir les modifier le fonctionnement quotidien et obtenir un financement équitable de Bruxelles, il est indispensable de faire une profonde réforme de l’Etat. Mais bien d’autres dispositions légales doivent être revues. C’est à la Chambre que ça se passera. Il faudra donc y faire entendre vraiment la voix des Bruxellois."

Mais si Pro Bruxsel entend se faire entendre sur le plan institutionnel - voir LLB du week-end - il joue pleinement la carte du multilinguisme et a aussi un programme bruxellois spécifique. Pro Bruxsel veut ainsi revoir la répartition des compétences entre les communes et la Région pour permettre une politique cohérente en matière d’urbanisme, de sécurité et de mobilité. Et il veut interdire le cumul d’un mandat communal et régional tout en obligeant les élus à occuper le dernier mandat pour lequel ils ont été élus. L’enseignement, la formation et l’emploi sont aussi liés dans son programme car "offrir une chance égale à aux jeunes Bruxellois est une priorité majeure. Pour développer l’emploi à Bruxelles, il faut améliorer l’adéquation de laformation et de l’enseignement avec les besoins spécifiques du marché de l’emploi. Pour cela, la Région bruxelloise doit disposer de toutes les compétences en matière d’enseignement".

Dans la foulée, Pro Bruxsel prône l’enseignement bilingue généralisé dès le fondamental et l’apprentissage d’une 3e et d’une 4e langues en secondaire. Il faut aussi augmenter les ressources des écoles gardiennes et rendre la scolarité obligatoire dès 5 ans, afin que tous les enfants arrivent en première année avec une bonne maîtrise d’au moins une langue de la Région. Ensuite, il faut regrouper la formation professionnelle et l’enseignement en un ministère pour favoriser les complémentarités entre ces deux compétences.

Les régionalistes bruxellois veulent aussi faire de tous les agents du service public bruxellois de bons bilingues. Le développement d’emplois de proximité doit passer par un développement du tourisme et du développement durable. Et une vraie politique de mobilité desservant les bassins d’emplois dans l’hinterland de Bruxelles doit aussi permettre de diminuer le chômage. Afin de simplifier l’accueil des nouveaux arrivants, Pro Bruxsel plaide pour un guichet unique pour l’accueil, l’information et l’orientation sur le logement, la formation des enfants et des adultes, l’apprentissage des langues et l’accès au sport et à la culture. Enfin, la Région doit être maîtresse des moyens financiers qui lui reviennent et les gérer en toute autonomie. Et recevoir un financement adéquat pour son rôle de capitale fédérale.

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